J’ai logé dans tous les hôtels de la création, les bouges, les palaces, les provinciaux, les économiques, les contemporains, les humbles, les prétentieux, les lugubres, les joyeux, les vétustes, les clinquants, les immaculés, les pouilleux.

Partout j’y ai trouvé le même terreau chimérique. De mon poste de guet, j’ai appris à identifier quels pavillons pirates battent d’un double cri de l’autre côté de la baie lorsque les corps se reconnaissent de même souche dans les coutumes de l’union.

[ ...]

Toute la vie passe à perdre son temps, même quand on se croit le maître et que les esclaves d’un jour ont la peau qui chante. L’âme nomade poursuit inlassablement la rumeur des cloisons, alourdissant chaque fois un peu plus ses bagages de sons diffus, de vociférations triviales, de halètements neigeux.

Malgré la mélancolie suintant des chambres « single », je ne crois pas avoir entendu le monde aussi proche auparavant.